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Portail personnel d'interaction constructive pour un meilleur devenir du Sénégal

LA SECURITE ENERGETIQUE AU SENEGAL

I / INTRODUCTION

NOTION DE SECURITE ENERGETIQUE

La Sécurité énergétique semble être un concept ambivalent. Le statut même de l’énergie le lui confère. En effet, d’une part, l’énergie est et demeure une ressource indispensable à toute communauté humaine qui aspire au développement et au bien être mais parce qu’elle est, aussi, indéniablement, facteur potentiel de haute intensité de conflit et de guerre entre ces mêmes communautés.

Il s’agit également d’un concept récent, possédant son histoire propre qui se décline sur différentes périodes et différents contextes où, à chaque fois, des contenus distincts lui sont affectés. Ainsi donc, il y a une évolution à la fois sémantique et stratégique.

Les analyses de la géopolitique actuelle sur l’énergie ne se concentrent plus sur le Moyen-Orient, comme il en été dans les années 1970 et du début des années 1980. Au jour d’aujourd’hui, elles couvrent une zone géographique plus vaste. Les besoins de la population mondiale en énergie et les déséquilibres qui en découlent expliquent que cette question restera l’un des grands thèmes géopolitiques du XXIe siècle

L’Afrique subsaharienne est l’une des régions qui attirent une attention particulière dans la réflexion.

La sécurité énergétique impacte sur les politiques énergétiques de nos pays. Pour cause, chaque pays tente de trouver sa propre réponse en fonction de ses atouts, son histoire, ses relations internationales et ses intérêts.

Ainsi donc, il est aisé de comprendre que les risques se concentrent sur les aspects purement sécuritaires liés à une situation géopolitique heurtée, une dynamique terroriste très forte ainsi qu’à une incidence désastreuse des phénomènes météorologiques graves.

La notion de sécurité énergétique est traditionnellement invoquée pour désigner trois types distincts de préoccupations.

D’abord, le premier des types concerne l’ensemble des questions liées à la garantie de l’approvisionnement en énergie. Tout Etat, qu’il possède ou non des ressources d’énergies fossiles, des capacités hydroélectriques ou encore en matière d’énergies renouvelables, se trouve confronté à la nécessité d’assurer de façon stable et continue son approvisionnement en hydrocarbures et en électricité.

Ensuite, les questions touchant à la sécurité environnementale, à la protection de l’atmosphère, à la préservation des biotopes, à la lutte contre le changement climatique, demeurent la deuxième préoccupation majeure.

Enfin, le troisième type de préoccupation réside en l’efficacité énergétique. Celle-ci consiste, à niveau de productivité égal, à réduire les consommations d'énergie et à diminuer les coûts environnementaux, économiques et sociaux liés à la production et à la consommation d'énergie.

Les questions énergétiques se voient donc peu à peu attribuer un rôle majeur pour la survie des Etats. Dés lors, sans risque de se tromper, on peut dire que l’énergie n’est pas seulement devenue enjeux de sécurité, elle se trouve à présent au cœur-même de cette dernière.

II / CONTEXTE DU SENEGAL

CONSTATS

Des pannes d’électricité à répétition, des ruptures dans l’approvisionnement du marché intérieur en hydrocarbures, des factures énergétiques de plus en plus importantes, le processus d’élimination de la subvention sur le gaz butane populaire, la dégradation des ressources forestières à usage énergétique, la volatilité des prix du pétrole, le faible accès à l’électricité,

les engagements de l’Etat à soutenir le développement et à lutter contre la pauvreté, sont autant d’événements survenus au cours des dernières années et qui font de la Sécurité Energétique une grande problématique et un sujet d’intérêt de premier plan.

Le marché de l’énergie au Sénégal est caractérisé par la prédominance de deux types d’énergie: les produits pétroliers et la biomasse qui contribuent, respectivement, pour 52% et 43%. Le charbon, l’hydroélectricité et le gaz naturel comptent ensemble pour 5% alors que l’apport des énergies renouvelables demeure minime et ne dépasse pas 0.01%.

L’approvisionnement en hydrocarbures se fait à coût de devises. Suite au renchérissement du pétrole brut sur le marché international, la facture pétrolière du Sénégal est passée de 185 milliards FCFA en 2000 et 217 milliards FCFA en 2003 à 327 milliards FCFA en 2005 .et 353 milliards FCFA en 2006.

Dans un « concept note » produit par ENDA Energie, Environnement, Développement, en 2007, lors d’un débat sur « la sécurité énergétique au Sénégal », on peut noter ce qui suit :

La production d’électricité est pour 90% d’origine thermique. L’hydro électricité apporte 10% seulement, soit 267 GWh en 2005 en provenance du barrage de Manantali. La puissance totale installée de la centrale de Manantali est de 200 MW (5x 40 MW). Sa production totale est partagée entre le Sénégal (33%), le Mali et la Mauritanie.

Le nouveau cadre géopolitique mondial reste profondément marqué par les enjeux énergétiques, eux-mêmes fortement déterminés par les stratégies de sécurité.

Pour le Sénégal, dans le cadre de sa Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES), les maux dont souffre l’énergie sont décelés sans équivoque au niveau du diagnostic qui a été posé.

« S’agissant du sous-secteur de l’énergie, il continue de peser sur la performance de toutes les composantes de l’économie nationale. Ce sous-secteur est marqué, entre autres, par le faible volume de l’offre et la qualité du service de l’électricité en zones urbaine et rurale ; des délestages récurrents qui entravent les performances des activités économiques ; un manque d’information et de sensibilisation sur l’utilisation rationnelle de l’énergie et la défaillance technique des opérateurs publics et privés. Cette situation est imputable à la dépendance quasi exclusive aux importations de pétrole et l’absence de mécanismes adéquats d’amortissement des chocs exogènes. La faible capacité de raffinage, la vétusté de la logistique au niveau du port de Dakar, l’obsolescence des infrastructures de production et de transport ainsi que le retard dans la restructuration de la SENELEC et le redressement opérationnel de l’ASER en plus des lenteurs dans la mise en place du cadre réglementaire de développement des énergies renouvelables ne militent pas en faveur d’une politique d’efficience énergétique et de diversification des sources d’énergie. »

Au Sénégal, la facture pétrolière s’élève à des centaines de milliards de FCFA chaque année. En 2010, 2,15 millions de TEP ont été importées pour répondre aux besoins énergétiques, soit 75% de l’offre totale d’énergie primaire au Sénégal. Et pourtant, s’il y a bien des sources énergétiques abondantes au Sénégal, les premières initiatives ont démontré qu’il est rentable de les exploiter.

L’Union Nationale des Consommateurs du Sénégal, au regard de ce qui précède, mue par le seul souci principal quant à la défense et la préservation des intérêts du consommateur sénégalais, tout en privilégiant une interactivité féconde dans des cadres de concertation et d’échanges avec les pouvoirs publiques, propose quatre (04) axes de réflexion en vue d’améliorer substantiellement la sécurité énergétique au Sénégal.

Le mode de fonctionnement de l’approvisionnement ainsi que les procédés de production modulés sont des leviers sur lesquels on peut agir pour optimiser les coûts de l’énergie au Sénégal. Il n’en demeure pas moins que, mettant au préalable l’homme au centre du dispositif, des facteurs aussi stratégiques que les installations et les circuits de distribution doivent être pris en compte. Enfin une mise en place effective d’un cadre législatif et réglementaire consensuel doit être le soubassement et le fil conducteur de toutes les actions que doivent entreprendre les acteurs agissant dans le secteur de l’énergie.

III / AVIS ET PROPOSITIONS

APPROVISIONNEMENT/PRODUCTION

Le modèle économique du monde moderne est largement tributaire des disponibilités énergétiques. Le Sénégal n’échappe pas à cette règle. Il serait illusoire, trompeur voire suicidaire de croire et/ou de faire croire que nous pourrons réussir une stratégie de croissance durable avec une production électrique assise sur des intrants dont nous ne disposons pas, qui se raréfient sur le marché mondial et dont les prix à la hausse sont fixés en dehors de notre périmètre décisionnel.

  • La production nationale est diversifiée cependant insuffisante

Gaz naturel: En 2005, la production du gaz naturel s’est chiffrée à 15,9 millions de m3, provenant du gisement de Gadiaga, et destinée à la SENELEC pour sa production d’électricité dans ses turbines à gaz (TAG). Elle demeure néanmoins négligeable en comparaison avec les importations en produits pétroliers.

Hydraulique: Le Sénégal bénéficie de 33% de la production d’électricité hydroélectrique en provenance du barrage de Manantali, soit 267 GWh, en 2005. Ceci représente environ 10,5 % de la production totale d’électricité au Sénégal.

Bois (Bois du feu et charbon du bois): la production nationale s’est élevée à 2 819 kt, destinée à la consommation de bois de feu et la production de charbon du bois.

Résidus agricoles: La production des résidus agricoles a atteint 341 kt en 2005 et comprend la bagasse et les coques d’arachides, utilisées respectivement par la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) et la SUNUOR pour la génération d’électricité.

Energie solaire: Malgré l’abondance du potentiel solaire au Sénégal, la puissance totale installée en énergie photovoltaïque n’excède pas 2 MWc. Ainsi, le rapport puissance photovoltaïque / Puissance totale conventionnelle est de l’ordre de 0.35%.

Malgré la diversité des ressources produites localement, y compris l’énergie solaire, la production nationale demeure très faible et en deçà de la demande, satisfaite à travers le recours à l’importation et engendrant une forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur.

Pour cette raison, il faudra aller dans le sens de la réduction de la part de l’électricité produite à partir de dérivés du pétrole dans notre production énergétique totale.

Vœux pieux et utopiques ?

Cela implique uniquement et obligatoirement une volonté politique prônant la diversification de notre portefeuille énergétique.

L’électrification rurale doit être impulsée avec plus de dynamisme pour une couverture plus efficiente de l’ensemble du territoire national.

  • Concernant le stockage des produits pétroliers, il est à déplorer un monopole de fait et des capacités de stockage insuffisantes

Le stockage des hydrocarbures au Sénégal se trouve au cœur de la problématique de l’approvisionnement en énergie du pays. En effet, les capacités de stockage demeurent insuffisantes avec un stock de sécurité en deçà du minimum stratégique.

Il convient de souligner également que malgré la libéralisation, on n’a pas enregistré à ce jour l’implication d’opérateurs privés dans l’activité de stockage et il n’y a pas eu d’opérateur qui possède la moindre capacité pour pouvoir procéder à l’importation directe et au stockage des produits pétroliers.

Ce point particulier repositionne la question du stockage à un niveau stratégique au sein des préoccupations que doit avoir l’Etat. La réflexion doit ainsi orientée vers la création d’un nouveau centre de stockage pour faire face à l’impératif de sécurité de l’approvisionnement en hydrocarbures.

  • Le duel biomasse / butane au niveau des ménages est d’un combat mitigé.

Le Sénégal a toujours connu la prépondérance de la biomasse dans le bilan de la consommation des ménages. Compte tenu des effets de la sécheresse et de la raréfaction des ressources ligneuses, l’Etat avait mis en place un programme de ‘butanisation’ qui avait pour objectif d’élargir la base de consommation du butane pour couvrir les populations à faibles revenus.

La transition s’est progressivement et parfaitement opérée, notamment dans le milieu urbain donnant naissance à la cohabitation du GPL et charbon du bois en milieu urbain et le charbon et bois du feu en milieu rural et peri urbain avec une modeste pénétration du butane.

Avec la décision d’éliminer progressivement la subvention, la sécurité énergétique des ménages est ébranlée dans un contexte ou l’accès à l’énergie demeure faible et les besoins en services sociaux de base non satisfaites

Le programme de butanisation a permis d’assurer une certaine sécurité énergétique (approvisionnement en GPL) au profit des ménages, mais il a par ailleurs, contribué à l’approfondissement de l’insécurité énergétique du pays à l’échelle macroéconomique.

En effet, l’accroissement de la demande en butane, avait pour corollaire immédiat l’alourdissement de la facture liée à ce produit pour honorer à la fois son importation et sa subvention, ainsi que l’appel à des capacités supplémentaires de réception de ce produit.

L’indépendance énergétique et la sécurisation de notre production ne peuvent être effectives que lorsque notre pays produira de l’électricité avec un intrant dont il dispose en quantités suffisantes. Les voies à explorer restent le soleil, le vent et la biomasse

INSTALLATIONS, TRANSFORMATION ET CIRCUITS DE DISTRIBUTION

  • Les installations qui sont mises en jeu, aussi bien au niveau du stockage, au niveau du traitement qu’au niveau de la distribution, sont devenues, pour la plus part, obsolètes et méritent d’être remises à point.

Ce qui explique que le rapport entre énergie produite par la SENELEC et énergie finale arrivée aux consommateurs est très faible et ne répond pas aux standards internationaux. Il serait à ce jour de 0,6 au Sénégal lorsque ce même taux est dans beaucoup de pays supérieurs à 0, 9. Ainsi pour 100 KWh produits par la SENELEC, 40 KWh sont perdus avant d’arriver aux consommateurs.

  • La délimitation de zones de sécurité est nécessaire et importante, dans ce dispositif. Elle permet d'assurer la sécurité des personnes qui travaillent sur ou à proximité des installations concernées et la protection des installations mêmes contre tout dommage.

Les performances de nos systèmes énergétiques sont faibles.

  • Système électrique: Le système de production d’électricité thermique au Sénégal comporte les centrales relevant de la SENELEC et les systèmes relevant des autoproducteurs.

Le rendement énergétique global des centrales thermiques de la SENELEC est de l’ordre de 40%.

Les pertes de SENELEC s’élèvent à environ 21,2 % de l’énergie transitant à travers son réseau.

Le rendement énergétique global de la production d’électricité par les autoproducteurs est de 22,3 %.

  • Système de raffinage

Le rendement énergétique global de la raffinerie de la SAR est évalué à 95 % . L’unité du raffinage produit du diesel, du gasoil, des essences, du carburéacteur, du fuel, du pétrole lampant et du gaz butane à partir de pétrole brut importé.

  • Production du charbon du bois

Le rendement global de la production du charbon du bois (carbonisation) est estimé à 20 %.

Pour ce qui est de la consommation, L’utilisation de la biomasse (35 % de la consommation totale) reste relativement importante.

La consommation finale d’énergie conventionnelle (produits pétroliers, charbon minéral et électricité) représente plus de 65 % de la consommation finale totale.

Les produits pétroliers constituent la plus grande part des consommations d’énergie conventionnelle (81 %) contre 12 % pour l’électricité.

Personnel

Les installations pétrolières représentent un potentiel de risque non négligeable. La formation du personnel de ces installations permet de maîtriser rapidement des situations qui peuvent dégénérer avec impacts négatifs incommensurables. Des conséquences économiques lourdes sont à prévoir

Politique en matière d’énergie

Une Lettre de Politique Du Secteur de l’Energie doit s’articuler autour d’axes stratégiques

  • la restructuration du sous-secteur de l’électricité ;
  • le renforcement des conditions de concurrence et l’amélioration de la qualité des produits dans le sous secteur pétrolier ;
  • l’intensification de la promotion du bassin sédimentaire ;
  • la consolidation de la gestion durable des ressources ligneuses.

La mise en place d’un cadre de concertation plus fonctionnel sur les énergies doit être érigé en institution au niveau du Ministère en charge du secteur. Celui-ci doit regrouper l’ensemble des acteurs des filières ainsi que les associations de défense des consommateurs

IV/ CONCLUSION

Aussi profondes qu’elles puissent être, les réformes institutionnelles et citoyennes auxquelles nous aspirons ne peuvent aboutir que si elles sont appuyées par des réformes structurelles ou complémentaires qui permettent à notre pays de faire face aux défis socio-économiques qu’il lui faut relever.

Le gouvernement du Sénégal et ses partenaires nationaux et internationaux ont déjà entrepris des projets de valorisation des énergies renouvelables.

Dans le domaine de la biomasse, source importante de la consommation énergétique des ménages au Sénégal, il faut valoriser les initiatives de gestion durable des forêts, de production et vente de foyers de cuisson améliorés et de biocharbon à base de déchets végétaux.

Il nous appartient désormais de nous adapter aux mutations profondes qui touchent le secteur énergétique à l’échelle mondiale et dont tout porte à croire qu’elles ne vont pas s’estomper. Il faudra suivre une politique alliant d’une part la gestion rationnelle de notre système de production énergétique et d’autre part l’adoption d’une stratégie efficiente visant à garantir notre indépendance énergétique.

Contribution produite par Mamadou SYLLA, membre de l’UNCS

e-mail : msylla2002fr@yahoo.fr

Thp : 77 605 31 89 / 70 568 40 78 et 79

Sources :

  • Stratégie Nationale Développement Economique et Social (SNDES)
  • Rapport 2007 Système d’information Energétique – Sénégal de la Direction de l’Energie
  • Commission de Régulation du Secteur de l’Electricité
  • Bureau d’analyse macroéconomique de l’ISRA
  • Association des Auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationales (AA-IHEDN) de la France
  • ENDA Energie, Environnement, Développement
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